La tristesse est surement une des émotions les plus désagréables que nous pouvons connaître et une des plus compliqué a gérer et exprimer.
Si nous sommes tous à la recherche du plaisir et des émotions positives, la tristesse est au contraire ce sentiment que nous cherchons à fuir et que nous espérons ne jamais connaître ou tout du moins le moins souvent possible.
Pourquoi sommes-nous tristes ?
Ce qui caractérise et déclenche cette émotion est le sentiment de perte. Nous accordons tous une valeur à certaines choses, que ce soit des valeurs ou des biens, nous serons tous affectés différemment en fonction de ces pertes :
- Perdre sa montre peut-être gênant ou provoquer une déception si nous y étions attaché, mais cette perte sera encore plus forte si il s’agissait du dernier souvenir que nous avions d’un être proche aujourd’hui disparu. Il peut encore s’agir de la perte de notre maison suite à un incendie ou de la nécessité d’un déménagement dans une ville inconnue, loin de notre foyer d’origine. Il va ici s’agir de pertes liées à la valorisation d’objets.
- Nous pouvons être peiné par l’éloignement de notre conjoint.e, de nos ami.e.s, de notre famille ; par une rupture amoureuse ou par le décès d’un.e proche. Les pertes sont ici liées à l’Être cher.
- Dans certains cas, le sentiment de tristesse va être lié à la perte d’un statut : échec professionnel, à un examen ou à un compétition sportive ; difficulté à accepter le vieillissement ; sentiment de rejet de la part d’un groupe qu’on aimerait intégrer ou dont nous étions membre, ; survenue d’un handicap ; vie sentimentale différente que celle que nous espérions.
- Enfin, ce sentiment de perte va toucher ce qui est lié à nos valeurs, à nos aspirations, à nos buts : le sentiment que nos valeurs politiques et sociales sont vaines, vouées à l’échec ; que les efforts ou notre discipline quotidienne ne nous rend pas plus heureux que d’autres personnes qui ne font aucun sacrifices.
À quoi sert la tristesse ?
Il est plutôt au premier abord de comprendre pourquoi l’évolution nous a doté d’un sentiment aussi désagréable sans imaginer que la tristesse puisse malgré tout remplir un ensemble de rôles et de fonctions servant malgré tout à nous protéger.
La tristesse nous est utile pour éviter les situations qui la provoquent (Cunningham, 1998). Éprouver de la tristesse serait ainsi comme éprouver de la douleur après avoir touché les flammes d’un feu de cheminée, cette douleur nous dit qu’il ne faut pas nous approcher de la flamme. La tristesse va remplir ce même rôle, nous apprendre à détecter les situations futures qui nous seraient dommageables. Avoir été trop gentil.le nous a-t-il par le passé rendu triste ? Se jeter à corps perdu dans une relation après quelques mois de relations nous a-t-il déjà rendu triste ?
La tristesse a également pour fonction de nous faire prendre du recul sur nos actions passées. La tristesse va souvent nous amener à nous poser énormément de questions sur nous même, nos valeurs, nos actes. Cette introspection peut nous mener à nous questionner sur les raisons de nos échecs. Cependant, il faut rester vigilant, cette introspection doit-être lucide et dirigée vers le rétablissement. Cette introspection doit-être positive et non pas tournée vers la résignation, le renoncement.
Une autre des fonctions de la tristesse est d’attirer sympathie ou l’empathie d’autrui. Même si cette fonction n’est malheureusement pas toujours rempli pour certain.e.s d’entre nous, l’expression de notre tristesse va amener nos proches et nos ami.e.s à nous apporter leur soutien. Les liens amicaux, sociaux vont pouvoir se resserrer et nous permettre d’être des soutiens de poids face à notre souffrance. Cependant, il peut parfois être difficile de bénéficier du soutien d’autrui : l’urbanisation peut isoler certain.e.s d’entre nous, nous pouvons avoir peut d’être jugé.e ou moqué.e.
Nous pouvons également interpréter la tristesse comme un sentiment qui va nous protéger de l’agressivité des autres. La tristesse étant souvent associé à la difficulté, l’expression de cette émotion va indiquer à ceux qui seraient en capacité de nous faire du mal que cela est inutile. Pourquoi par exemple, continuer de reprocher une erreur à celui ou celle qui exprime des regrets par sa tristesse ?
Enfin, notre tristesse va à son tour développer notre empathie envers autrui. Nous pouvons comprendre les émotions des autres parce que nous avons nous même connu la tristesse et c’est parce que nous sommes des êtres sociaux que nous pourrons à notre tour être présent pour nos proches quand ces derniers éprouverons ce même sentiment.
Souvent associée à la souffrance indépassable, considérée comme l’apanage des faibles, la tristesse fait partie des émotions naturelles que nous éprouverons tous à un moment ou à un autre. Ce n’est pas parce que vous ressentez de la tristesse que vous êtes à blamer, bien au contraire. Vous réagissez simplement à des événements éprouvants, difficiles.
Cunningham, M. R. (1998). What do you do when you are happy or blue?, Motivation and Emotion, 12, p. 309-331
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